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LA PHIOLOSOPHIE ET LA MORALE

existe une âme et une nature extérieure, et qu’elles agissent mutuellement l’une sur l’autre par telles ou telles lois. Je ne sais pourquoi l’on trouve plus de hauteur philosophique dans l’idée d’un seul principe, soit matériel, soit intellectuel ; un ou deux ne rend pas l’univers plus facile à comprendre, et notre sentiment s’accorde mieux avec les systèmes qui reconnoissent comme distincts le physique et le moral.

Fichte et Schelling se sont partagé l’empire que Kant avoit reconnu pour divisé, et chacun a voulu que sa moitié fût le tout. L’un et l’autre sont sortis de la sphère de nous-mêmes, et ont voulu s’élever jusqu’à connoître le système de l’univers. Bien différents en cela de Kant, qui a mis autant de force d’esprit à montrer ce que l’esprit humain ne parviendra jamais à comprendre qu’à développer ce qu’il peut savoir.

Cependant nul philosophe, avant Fichte, n’avoit poussé le système de l’idéalisme à une rigueur aussi scientifique ; il fait de l’activité de l’âftie l’univers entier. Tout ce qui peut être conçu, tout ce qui peut être imaginé vient d’elle ; c’est d’après ce système qu’il a été soupçonné d’incrédulité. On lui entendoit dire que, dans la leçon suivante, il alloit créer Dieu, et l’on étoit avec raison scan-