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chaste épouse du ciel, hâte-toi d’accomplir ton vœu. Les biens de la terre sont trompeurs, la destinée de ta reine te l’apprend. C’en est assez, adieu pour toujours, adieu. »

Marie reste seule avec Melvil, et c’est alors que commence une scène dont l’effet est bien grand, quoiqu’on puisse la blâmer à plusieurs égards. La seule douleur qui reste à Marie après avoir pourvu à tous les soins terrestres, c’est de ne pouvoir obtenir un prêtre de sa religion pour l’assister dans ses derniers moments. Melvil, après avoir reçu la confidence de ses pieux regrets, lui apprend qu’il a été à Rome, qu’il y a pris les ordres ecclésiastiques pour acquérir le droit de l’absoudre et de la consoler : il découvre sa tête pour lui montrer la tonsure sacrée, et sort de son sein une hostie que le pape lui-même a bénie pour elle.

« Un bonheur céleste, s’écria la reine, m’est donc encore préparé sur le seuil même de la mort. Le messager de Dieu descend vers moi, comme un immortel sur des nuages d’azur : ainsi jadis l’apôtre fut délivré de ses liens. Et tandis que tous les appuis terrestres m’ont trompée, ni les verroux, ni les épées n’ont arrêté le secours divin. Vous, jadis mon