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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

rassembler pour qu’elle pût les distribuer à ses femmes. Le commandant de la prison, suivi de plusieurs de ses valets, vêtus de noir aussi comme lui, remplissent le théâtre de deuil. Melvil, autrefois gentilhomme de la cour de Marie, arrive de Rome en cet instant. Anna, la nourrice de la reine, le reçoit avec joie ; elle lui peint le courage de Marie, qui, tout à coup résignée à son sort, n’est plus occupée que de son salut, et s’afflige seulement de ne pas pouvoir obtenir un prêtre de sa religion pour recevoir de lui l’absolution de ses fautes et la communion sainte.

La nourrice raconte comment pendant la nuit la reine et elle avoient entendu des coups redoublés, et que toutes deux espéroient que c’étoient leurs amis qui venoient pour les délivrer ; mais qu’enfin elles avoient su que ce bruit étoit celui que faisoient les ouvriers en élevant l’échafaud dans la salle au-dessous d’elles. Melvil demande comment Marie a supporté cette terrible nouvelle : Anna lui dit que l’épreuve la plus dure pour elle a été d’apprendre la trahison du comte Leicester, mais qu’après cette douleur elle a repris le calme et la dignité d’une reine.

Les femmes de Marie entrent et sortent pour exécuter les ordres de leur maîtresse, l’une d’elles