île, tant qu’il ne s’agissoit que de faire des heureux : mais voici la tâche cruelle imposée par le devoir royal, et je me sens incapable de l’accomplir. »
À ce mot Burleigh interrompt Élizabeth et lui reproche tout ce dont elle veut être blâmée, sa foiblesse, son indulgence sa pitié : il semble courageux, parce qu’il demande à sa souveraine avec force ce qu’elle désire en secret plus que lui-même. La flatterie brusque réussit en général mieux que la flatterie obséquieuse, et c’est bienfait aux courtisans, quand ils le peuvent, de se donner l’air d’être entraînés dans le moment où ils réfléchissent le plus à ce qu’ils disent.
Élizabeth signe la sentence, et seule avec le secrétaire de ses commandements, la timidité de femme qui se mêle à la persévérance du despotisme lui fait désirer que cet homme subalterne prenne sur lui la responsabilité de l’action qu’elle a commise : il veut l’ordre positif d’envoyer cette sentence, elle le refuse, et lui répète qu’il doit faire son devoir ; elle laisse ce malheureux dans une affreuse incertitude, dont le chancelier Burleigh le tire, en lui arrachant le papier qu’Élizabeth a laissé entre ses mains.