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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

çaises, et certainement elles ont beaucoup moins d’intérêt que les expositions en action. On dit que des spectateurs italiens crièrent une fois, pendant le récit d’une bataille, qu’on levât la toile du fond pour qu’ils vissent la bataille elle-même. On a très-souvent ce désir dans nos tragédies ; on voudroit assister à ce qu’on nous raconte. L’auteur du Walstein français a été obligé de fondre dans sa pièce l’exposition qui se fait d’une manière si originale par le prologue du camp. La dignité des premières scènes s’accorde parfaitement avec le ton imposant d’une tragédie française ; mais il y a un genre de mouvement dans l’irrégularité allemande auquel on ne peut jamais suppléer.

On a reproché aussi à l’auteur français le double intérêt qu’inspirent l’amour d’Alfred (Piccolomini) pour Thécla, et la conspiration de Walstein. En France on veut qu’une pièce soit toute d’amour ou toute de politique, on n’aime pas le mélange des sujets, et depuis quelque temps, surtout quand il s’agit des affaires d’état, on ne peut concevoir comment il resteroit dans l’âme place pour une autre pensée. Néanmoins le grand tableau de la conspiration de Walstein n’est complet que par les mal-