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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

Il n’y a point de dénouement à la pièce des Piccolomini ; elle finit comme une conversation interrompue. Les Français auroient de la peine à supporter ces deux prologues, l’un burlesque et l’autre sérieux, qui préparent la véritable tragédie, la mort de Walstein.

Un écrivain d’un grand talent a resserré la trilogie de Schiller en une tragédie selon la forme et la régularité française. Les éloges et les critiques dont cet ouvrage a été l’objet nous donneront une occasion naturelle d’achever de faire connoître les différences qui caractérisent le système dramatique des Français et des Allemands. On a reproché à l’écrivain français de n’avoir pas mis assez de poésie dans ses vers. Les sujets mythologiques permettent tout l’éclat des images et de la verve lyrique ; mais comment pourroit-on admettre, dans un sujet tiré de l’histoire moderne, la poésie du récit de Théramène ? toute cette pompe antique convient à la famille de Minos ou d’Agamemnon ; elle ne seroit qu’une affectation ridicule dans les pièces d’un autre genre. Il y a des moments dans les tragédies historiques où l’exaltation de l’âme amène naturellement une poésie plus élevée : telle est, par exemple, la vision de