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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

qu’elles diminuent le patrimoine de la race humaine, et les titres de gloire dont elle s’enorgueillit. L’ange tutélaire que Sterne a peint avec tant de grâce ne pourroit-il pas verser une larme sur les défauts d’un bel ouvrage, comme sur les torts d’une noble vie, afin d’en effacer le souvenir.

Je ne m’arrêterai pas davantage sur les pièces de la jeunesse de Schiller ; d’abord, parce qu’elles sont traduites en français ; et secondement, parce qu’il n’y manifeste pas encore ce génie historique qui l’a fait si justement admirer dans les tragédies de son âge mûr. Don Carlos même, quoique fondé sur un fait historique, est presque un ouvrage d’imagination. L’intrigue en est trop compliquée ; un personnage de pure invention, le marquis de Posa, y joue un trop grand rôle ; on diroit que cette tragédie passe entre l’histoire et la poésie sans satisfaire entièrement ni l’une ni l’autre : il n’en est certainement pas ainsi de celles dont je vais essayer de donner une idée.