ce qu’elle aime le mieux, du séjour d’Aranjuez ou de Madrid : la dame d’honneur répond que les reines d’Espagne ont coutume, depuis des temps immémoriaux, de rester trois mois à Madrid, et trois mois à Aranjuez. Elle ne se permet pas le moindre signe de préférence pour un séjour ou pour un autre ; elle se croit faite pour ne rien éprouver, en aucun genre, qui ne lui soit commandé. Élizabeth demande sa fille ; on lui répond que l’heure fixée pour qu’elle la voie n’est pas encore arrivée. Enfin le roi paroît, et il exile pour dix ans cette même dame d’honneur si résignée, parce qu’elle a laissé la reine une demi-heure seule.
Philippe II se réconcilie un moment avec don Carlos, et reprend sur lui, par une parole de bonté, tout l’ascendant paternel. — « Voyez, lui dit Carlos, les cieux s’abaissent pour assister à la réconciliation d’un père avec son fils. » —
C’est un beau moment que celui où le marquis de Posa, n’espérant plus échapper à la vengeance de Philippe II, prie Élizabeth de recommander à don Carlos l’accomplissement des projets qu’ils ont formés ensemble pour la gloire et le bonheur de la nation espagnole.