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DES BEAUX-ARTS EN ALLEMAGNE

cela fait espérer qu’un jour ils deviendront poëtes, car, malgré leurs goûts un peu prosaïques, quiconque aime la musique est enthousiaste, sans le savoir, de tout ce qu’elle rappelle. J’ai entendu à Vienne le Requiem que Mozart a composé quelques jours avant de mourir, et qui fut chanté dans l’église le jour de ses obsèques ; il n’est pas assez solennel pour la situation, et l’on y retrouve encore de l’ingénieux, comme dans tout ce qu’a fait Mozart ; néanmoins qu’y a-t-il de plus touchant qu’un homme d’un talent supérieur, célébrant ainsi ses propres funérailles, inspiré tout à la fois par le sentiment de sa mort et de son immortalité ! Les souvenirs de la vie doivent décorer les tombeaux, les armes d’un guerrier y sont suspendues, et les chefs-d’œuvre de l’art causent une impression solennelle dans le temple où reposent les restes de l’artiste.

FIN DU TOME SECOND.