Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
384
DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

tions de la pièce et l’intention des airs, et cherchent les plaisirs de l’art uniquement en lui-même. La musique des Allemands est plus variée que celle des Italiens, et c’est en cela peut-être qu’elle est moins bonne ; l’esprit est condamné à la variété, c’est sa misère qui en est la cause ; mais les arts, comme le sentiment, ont une admirable monotonie, celle dont on voudroit faire un moment éternel.

La musique d’église est moins belle en Allemagne qu’en Italie, parce que les instruments y dominent toujours. Quand on a entendu à Rome le Miserere, chanté par des voix seulement, toute musique instrumentale, même celle de la chapelle de Dresde, paroit terrestre. Les violons et les trompettes font partie de l’orchestre de Dresde pendant le service divin, et la musique y est plus guerrière que religieuse ; le contraste des impressions vives qu’elle fait éprouver avec le recueillement d’une église n’est pas agréable ; il ne faut pas animer la vie auprès des tombeaux : la musique militaire porte à sacrifier l’existence, mais non à s’en détacher.

La musique de la chapelle de Vienne mérite aussi d’être vantée ; celui de tous les arts que les Viennois apprécient le plus c’est la musique ;