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DES BEAUX-ARTS EN ALLEMAGNE

un tombeau, les mains jointes ; au-dessus sont placées quelques raretés merveilleuses de l’Asie, qui semblent là pour attester, comme des témoins muets, les voyages du mort dans la Terre-Sainte. Les arcades obscures de l’église couvrent de leur ombre ceux qui reposent ; on se croiroit au milieu d’une forêt, dont la mort a pétrifié les branches et les feuilles, de manière qu’elles ne peuvent plus ni se balancer, ni s’agiter, quand les siècles comme le vent des nuits s’engouffrent sous leurs voûtes prolongées. L’orgue fait entendre ses sons majestueux dans l’église ; des inscriptions en lettres de bronze, à demi détruites par l’humide vapeur du temps, indiquent confusément les grandes actions qui redeviennent de la fable après avoir été si long-temps d’une éclatante vérité. »

En s’occupant des arts, en Allemagne, on est conduit à parler plutôt des écrivains que des artistes. Sous tous les rapports, les Allemands sont plus forts dans la théorie que dans la pratique, et le nord est si peu favorable aux arts qui frappent les yeux, qu’on diroit que l’esprit de réflexion lui a été donné seulement pour qu’il servît de spectateur au midi.

On trouve en Allemagne un grand nombre de