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DES BEAUX-ARTS EN ALLEMAGNE

évité les défauts qu’on peut reprocher aux peintres formés par les écrits de Winkelmann, et qui se bornent pour la plupart à copier les chefs-d’œuvre anciens. Mengs s’étoit aussi proposé Le Corrège pour modèle, celui de tous les peintres qui s’éloigne le plus dans ses tableaux du genre de la sculpture, et dont le clair obscur rappelle les vagues et délicieuses impressions de la mélodie.

Les artistes allemands avoient presque tous adopté les opinions de Winkelmann jusqu’au moment où la nouvelle école littéraire a étendu son influence aussi sur les beaux-arts. Goethe, dont nous retrouvons partout l’esprit universel, a montré dans ses ouvrages qu’il comprenoit le vrai génie de la peinture bien mieux que Winkelmann ; toutefois, convaincu comme lui que les sujets du christianisme ne sont pas favorables à l’art, il cherche à faire revivre l’enthousiasme pour la mythologie, et c’est une tentative dont le succès est impossible ; peut-être ne sommes-nous capables, en fait de beaux-arts, ni d’être chrétiens, ni d’être païens ; mais si dans un temps quelconque l’imagination créatrice renaît chez les hommes, ce ne sera sûrement pas en imitant les anciens qu’elle se fera sentir.