Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES BEAUXII-ARTS EN ALLEMAGNE

Italiens, mais non moins d’expression et de recueillement dans les physionomies. Les peintres du quinzième siècle avoient peu de connoissance des moyens de l’art, mais une bonne foi et une modestie touchantes se faisoient remarquer dans leurs ouvrages ; on n’y voit pas de prétentions à d’ambitieux effets, l’on n’y sent que cette émotion intime pour laquelle tous les hommes de talent cherchent un langage, afin de ne pas mourir sans avoir fait part de leur âme à leurs contemporains.

Dans ces tableaux du quatorzième et du quinzième siècle, les plis des vêtements sont tout droits, les coiffures un peu roides, les attitudes très-simples ; mais il y a quelque chose dans l’expression des figures qu’on ne se lasse point de considérer. Les tableaux inspirés par la religion chrétienne produisent une impression semblable à celle de ces psaumes qui mêlent avec tant de charme la poésie à la piété.

La seconde et la plus belle époque de la peinture fut celle où les peintres conservèrent la vérité du moyen âge, en y joignant toute la splendeur de l’art : rien ne correspond chez les Allemands au siècle de Léon X. Vers la fin du dix-septième siècle et jusqu’au milieu du dix--