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DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

Le génie poétique, si le ciel nous le rend, pourroit aussi recevoir une impulsion heureuse de l’amour pour la nature, les arts et la philosophie qui fermente dans les contrées germaniques ; mais au moins j’ose affirmer que tout homme qui voudra se vouer maintenant à quelque travail sérieux que ce soit, sur l’histoire, la philosophie ou l’antiquité, ne sauroit se passer de connoître les écrivains allemands qui s’en sont occupés.

La France peut s’honorer d’un grand nombre d’érudits de la première force, mais rarement les connoissances et la sagacité philosophique y ont été réunies, tandis qu’en Allemagne elles sont maintenant presque inséparables. Ceux qui plaident en faveur de l’ignorance, comme un garant de la grâce, citent un grand nombre d’hommes de beaucoup d’esprit qui n’avoient aucune instruction ; mais ils oublient que ces hommes ont profondément étudié le cœur humain tel qu’il se montre dans le monde, et que c’étoit sur ce Sujet qu’ils avoient des idées. Mais si ces savants, en fait de société, vouloient juger la littérature sans la connoître, ils seraient ennuyeux comme les bourgeois quand ils parlent de la cour.

Lorsque j’ai commencé l’étude de l’allemand,