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DES ROMANS.

les sentiments qui affirment l’existence d’un Dieu y fussent anéantis, je relirois ces pages ; j’en serois ébranlé profondément, et j’y retrouverois mon salut et ma foi. Quelques hommes nient l’existence de Dieu avec autant d’indifférence que d’autres l’admettent ; et tel y a cru pendant vingt années, qui n’a rencontré que dans la vingt-unième la minute solennelle où il a découvert avec ravissement le riche apanage de cette croyance, la chaleur vivifiante de cette fontaine de naphte.

Un Songe.

Lorsque, dans l’enfance, on nous raconte que, vers minuit à l’heure où Je sommeil atteint notre âme de si près, les songes deviennent plus sinistres, les morts se relèvent, et dans les églises solitaires, contrefont les pieuses pratiques des vivants, la mort nous effraie à cause des morts : Quand l’obscurité s'approche, nous détournons nos regards dis l’église et de ses noirs vitraux ; les terreurs de l’enfance, plus encore que ses plaisirs, reprennent des ailes pour voltiger autour de nous pendant la nuit légère de l’âme assoupie. Ah ! n’éteignez pas ces étincelles ; laissez-nous nos songes, même