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DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

toutes les merveilles qui nous environnent à notre insçu.

L’auteur a mêlé à cet ouvrage des poésies détachées, dont quelques-unes sont des chefs-d’œuvre. Lorsqu’on met des vers dans un roman français, presque toujours ils interrompent l’intérêt et détruisent l’harmonie de l’ensemble. Il n’en est pas ainsi dans Sternbald ; le roman est si poétique en lui-même, que la prose y paroît comme un récitatif qui succède au chant, ou le prépare. On y trouve entre autres quelques stances sur le retour du printemps qui sont enivrantes comme la nature à cette époque. L’enfance y est présentée sous mille formes différentes ; l’homme, les plantes, la terre, le ciel, tout y est si riche d’espérance qu’on diroit que le poëte célèbre les premiers beaux jours et les premières fleurs qui parèrent le monde.

Nous avons en français plusieurs romans comiques, et l’un des plus remarquables c’est Gil-Blas. Je ne crois pas qu’on puisse citer chez les Allemands un ouvrage où l’on se joue si spirituellement des choses de la vie. Ils ont à peine un monde réel, comment pourroient-ils déjà s’en moquer ? La gaieté sérieuse qui ne tourne rien en plaisanterie, mais amuse sans le vouloir, et