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DE LA COMÉDIE

diversifier les situations comiques. Les écrivains de cette école ont donné le nom de comique arbitraire à ce libre essor de toutes les pensées, sans frein et sans but déterminé. Ils s’appuient à cet égard de l’exemple d’Aristophane, non assurément qu’ils approuvent la licence de ses pièces, mais ils sont frappés de la verve de gaieté qui s’y fait sentir, et ils voudroient introduire chez les modernes cette comédie audacieuse qui se joue de l’univers au lieu de s’en tenir aux ridicules de telle ou telle classe de la société. Les efforts de la nouvelle école tendent, en général, à donner plus de force et d’indépendance à l’esprit dans tous les genres, et les succès qu’ils obtiendraient à cet égard seroient une conquête, et pour la littérature, et plus encore pour l’énergie même du caractère allemand ; mais il est toujours difficile d’influer par des idées générales sur les productions spontanées de l’imagination, et de plus, une comédie démagogique comme celle des Grecs ne pourroit pas convenir à l’état actuel de la société européenne.

Aristophane vivoit sous un gouvernement tellement républicain que l’on y communiquoit tout au peuple, et que les affaires d’état pas-