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ATTILA

Léon est une hymne inspirée ; et la manière dont la conversion du guerrier du Nord est indiquée me semble aussi vraiment belle. Attila, les yeux tournés vers le ciel et contemplant l’apparition qu’il croit voir, appelle Edécon, l’un des chefs de son armée, et lui dit :

« Edécon, n’aperçois-tu pas là haut un géant terrible ? ne l’aperçois-tu pas là au-dessus de la place même où le vieillard s’est fait voir à la clarté du soleil ?

EDÉCON.

Je ne vois que des corbeaux qui se précipitent en troupe sur les morts qui vont leur servir de pâture.

ATTILA.

Non, c’est un fantôme ; c’est peut-être l’image de celui qui peut seul absoudre ou condamner. Le vieillard ne l’a-t-il pas prédit ? Voilà ce géant dont la tête est dans le ciel et dont les pieds touchent la terre ; il menace de ses flammes la place où nous sommes ; il est là devant nous, immobile ; il dirige contre moi, comme un juge, son épée flamboyante.

EDÉCON.

Ces flammes, ce sont les feux du ciel qui