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LUTHER

liberté de conscience, de l’examen de la vérité, enfin de cet autre jour, de cette autre lumière qui doit pénétrer dans les ténèbres de l’ignorance.

Dans le second acte, les agents de l’électeur de Saxe viennent ouvrir la porte des couvents aux religieuses. Cette scène, qui pouvoit être comique, est traitée avec une solennité touchante. Werner comprend avec son âme tous les cultes chrétiens ; et s’il conçoit bien la noble simplicité du protestantisme, il sait aussi ce que les vœux au pied de la croix ont de sévère et de sacré. L’abbesse du couvent, en déposant le voile qui a couvert ses cheveux noirs dans sa jeunesse, et qui cache maintenant ses cheveux blanchis, éprouve un sentiment d’effroi, touchant et naturel ; et des vers harmonieux et purs comme la solitude religieuse expriment son attendrissement. Parmi ces religieuses il y a la femme qui doit s’unir à Luther, et c’est dans ce moment la plus opposée de toutes à son influence.

Au nombre des beautés de cet acte il faut compter le portrait de Charles-Quint, de ce souverain dont l’âme s’est lassée de l’empire du monde. Un gentilhomme saxon attaché à son