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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

FAUST.

Laisse donc dans l’oubli l’irréparable passé ; tu me fais mourir.

MARGUERITE.

Non, il faut que tu restes. Je veux te décrire les tombeaux que tu feras préparer dès demain. Il faut donner la meilleure place à ma mère ; mon frère doit être près d’elle. Moi, tu me mettras un peu plus loin ; mais cependant pas trop loin, et mon enfant à droite sur mon sein : mais personne ne doit reposer à mes côtés. J’aurois voulu que tu fusses près de moi ; mais c’étoit un bonheur doux et pur, il ne m’appartient plus. Je me sens entraînée vers toi, et il me semble que tu me repousses avec violence ; cependant tes regards sont pleins de tendresse et de bonté.

FAUST.

Ah ! si tu me reconnois, viens.

MARGUERITE.

Où donc irois-je ?

FAUST.

Tu seras libre.

MARGUERITE.

La tombe est là dehors. La mort épie mes