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FAUST

manger le fruit de l’arbre de vie : Vous serez comme Dieu, connoissant le bien et le mal. « Je peux bien, se dit-il à lui-même, emprunter cette ancienne sentence à mon cousin le serpent, il y a long-temps qu’on s’en sert dans ma famille. » L’écolier reprend son livre et s’en va parfaitement satisfait.

Faust s’ennuie, et Méphistophélès lui conseille de devenir amoureux. Il le devient en effet d’une jeune fille du peuple, tout-à-fait innocente et naïve, qui vit dans la pauvreté avec sa vieille mère. Méphistophélès, pour introduire Faust auprès d’elle, imagine de faire connoissance avec une de ses voisines Marthe, chez laquelle la jeune Marguerite va quelquefois. Cette femme a son mari dans les pays étrangers, et se désole de n’en point recevoir de nouvelles ; elle seroit bien triste de sa mort, mais au moins voudroit-elle en avoir la certitude, et Méphistophélès adoucit singulièrement sa douleur, en lui promettant un extrait mortuaire de son époux, bien en règle, qu’elle pourra, suivant la coutume, faire publier dans la gazette.

La pauvre Marguerite est livrée à la puissance du mal, l’esprit infernal s’acharne sur elle et la rend coupable sans lui ôter cette droiture de