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FAUST

Enfin l’écolier se présente, et rien n’est plus naïf que l’empressement gauche et confiant de ce jeune Allemand, qui arrive pour la première fois dans une grande ville, disposé à tout, et ne connoissant rien, ayant peur et envie de chaque chose qu’il voit ; désirant de s’instruire, souhaitant fort de s’amuser, et s’approchant avec un sourire gracieux de Méphistophélès, qui le reçoit d’un air froid et moqueur ; le contraste entre la bonhomie toute en dehors de l’un et l’insolence contenue de l’autre est admirablement spirituel.

Il n’y a pas une connoissance que l’écolier ne voulût acquérir, et ce qu’il lui convient d’apprendre, dit-il, c’est la science et la nature. Méphistophélès le félicite de la précision de son plan d’étude. Il s’amuse à décrire les quatre facultés : la jurisprudence, la médecine, la philosophie et la théologie, de manière à embrouiller la tête de l’écolier pour toujours. Méphistophélès lui fait mille arguments divers que l’écolier approuve tous les uns après les autres, mais dont la conclusion l’étonne, parce qu’il s’attend au sérieux, et que le diable plaisante toujours. L’écolier de bonne volonté se prépare à l’admiration, et le résultat de tout ce qu’il entend n’est qu’un