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FAUST

excitent l’imagination à la gaieté, par la singularité même de leur structure, et le dialogue de cette scène, qui ne seroit que burlesque en prose, prend un caractère plus relevé par le charme de la poésie.

On croit découvrir, en écoutant le langage comique de ces chats-singes, quelles seroient les idées des animaux s’ils pouvoient les exprimer, quelle image grossière et ridicule ils se feroient de la nature et de l’homme.

Il n’y a guère d’exemples dans les pièces françaises de ces plaisanteries fondées sur le merveilleux, les prodiges, les sorcières, les métamorphoses, etc. : c’est jouer avec la nature, comme dans la comédie de mœurs on joue avec les hommes. Mais il faut, pour se plaire à ce comique, n’y point appliquer le raisonnement, et regarder les plaisirs de l’imagination comme un jeu libre et sans but. Néanmoins ce jeu n’en est pas pour cela plus facile, car les barrières sont souvent des appuis ; et quand on se livre en littérature à des inventions sans bornes, il n’y a que l’excès et l’emportement même du talent qui puisse leur donner quelque mérite ; l’union du bizarre et du médiocre ne seroit pas tolérable.

Méphistophélès conduit Faust dans les sociétés