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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

jeunesse, et la fête du printemps. Le souvenir ranime en moi les sentiments enfantins qui nous détournent de la mort. Oh ! faites-vous entendre encore, chants célestes ! la terre m’a reconquis. »

Ce moment d’exaltation ne dure pas ; Faust est un caractère inconstant, les passions du monde le reprennent. Il cherche à les satisfaire, il souhaite de s’y livrer ; et le diable, sous le nom de Méphistophélès, vient et lui promet de le mettre en possession de toutes les jouissances de la terre, mais en même temps il sait le dégoûter de toutes ; car la vraie méchanceté dessèche tellement l’âme, qu’elle finit par inspirer une indifférence profonde pour les plaisirs aussi-bien que pour les vertus.

Méphistophélès conduit Faust chez une sorcière qui tient à ses ordres des animaux moitié singes et moitié chats. (Meer-katzen.) On peut considérer cette scène, à quelques égards, comme la parodie des Sorcières de Macbeth. Les Sorcières de Macbeth chantent des paroles mystérieuses, dont les sons extraordinaires font déjà l’effet d’un sortilège ; les Sorcières de Goethe prononcent aussi des mots bizarres, dont les consonnances sont artistement multipliées ; ces mots