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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

flammes de l’enfer semblent défendre l’approche. C’est dans cette coupe d’un pur cristal que je vais verser le poison mortel. Hélas ! jadis elle servoit pour un autre usage : on la passoit de main en main dans les festins joyeux de nos pères, et le convive en la prenant célébroit en vers sa beauté. Coupe dorée ! tu me rappelles les nuits bruyantes de ma jeunesse. Je ne t’offrirai plus à mon voisin ; je ne vanterai plus l’artiste qui sut t’embellir. Une liqueur sombre te remplit, je l’ai préparée, je la choisis. Ah ! qu’elle soit pour moi la libation solennelle que je consacre au matin d’une nouvelle vie ! »

Au moment où Faust va prendre le poison, il entend les cloches qui annoncent dans la ville le jour de Pâques, et les chœurs qui, dans l’église voisine, célèbrent cette sainte fête.

LE CHOEUR.

« Le Christ est ressuscité. Que les mortels dégénérés, foibles et tremblants, s’en réjouissent.

FAUST.

Comme le bruit imposant de l’airain m’ébranle jusqu’au fond de l’âme ! Quelles voix pures font tomber la coupe empoisonnée de