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COMTE D’EGMONT

dit qu’on célébroit la consécration d’un sacrifice horrible. Un crucifix blanc, qui brilloit pendant la nuit comme de l’argent, étoit placé sur l’un des côtés de l’échafaud. La terrible certitude étoit là devant mes yeux ; mais les flambeaux par degrés s’éteignirent, bientôt tous les objets disparurent, et l’œuvre criminelle de la nuit rentra dans le sein des ténèbres. »

Le fils du duc d’Albe découvre qu’on s’est servi de lui pour perdre Egmont, il veut le sauver à tout prix ; Egmont ne lui demande qu’un service, c’est de protéger Clara quand il ne sera plus ; mais on apprend qu’elle s’est donné la mort pour ne pas survivre à celui qu’elle aime. Egmont périt, et l’amer ressentiment de Ferdinand contre son père est la punition du duc d’Albe, qui n’aima rien, dit-on, sur la terre que ce fils.

Il me semble qu’avec quelques changements il seroit possible d’adapter ce plan à la forme française. J’ai passé sous silence quelques scènes qu’on ne pourroit point introduire sur notre théâtre. D’abord celle qui commence la tragédie : des soldats d’Egmont et des bourgeois de Bruxelles s’entretiennent entre eux de ses ex-