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GUILLAUME TELL

lui, les barbares, avec un fer brûlant, l’ont privé de la vue. Quel désespoir, quelle rage peut égaler ce qu’il éprouve ! Il faut qu’il se venge. S’il délivre sa patrie, c’est pour tuer les tyrans qui ont aveuglé son père ; et quand les trois conjurés se lient par le serment solennel de mourir ou d’affranchir leurs citoyens du joug affreux de Gessler, Arnold s’écrie :

« Oh ! mon vieux père aveugle, tu ne peux plus voir le jour de la liberté ; mais nos cris de ralliement parviendront jusqu’à toi. Quand des Alpes aux Alpes des signaux de feu nous appelleront aux armes, tu entendras tomber les citadelles de la tyrannie. Les Suisses, en se pressant autour de ta cabane, feront retentir à ton oreille leurs transports de joie, et les rayons de cette fête pénètreront encore jusque dans la nuit qui t’environne. »

Le troisième acte est rempli par l’action principale de l’histoire et de la pièce. Gessler a fait élever un chapeau sur une pique au milieu de la place publique, avec ordre que tous les paysans le saluent. Tell passe devant ce chapeau sans se conformer à la volonté du gouverneur autrichien ; mais c’est seulement par inadvertance qu’il ne s’y soumet pas, car il n’étoit pas dans le carac-