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JEANNE D’ARC

tune, tu vas apporter le salut aux héros de la France, et dans Reims délivrée placer la couronne sur la tête de ton roi. —

C’est ainsi que le ciel s’est fait entendre à moi. Il m’a envoyé ce casque comme un signe de sa volonté. La trempe miraculeuse de ce fer me communique sa force, et l’ardeur des anges guerriers m’enflamme ; je vais me précipiter dans le tourbillon des combats, il m’entraîne avec l’impétuosité de l’orage. J’entends la voix des héros qui m’appelle ; le cheval belliqueux frappe la terre, et la trompette résonne. »

Cette première scène est un prologue, mais elle est inséparable de la pièce ; il falloit mettre en action l’instant où Jeanne d’Arc prend sa résolution solennelle ; se contenter d’en faire un récit ce seroit ôter le mouvement et l’impulsion qui transportent le spectateur dans la disposition qu’exigent les merveilles auxquelles il doit croire.

La pièce de Jeanne d’Arc marche toujours, d’après l’histoire, jusqu’au couronnement à Reims. Le caractère d’Agnès Sorel est peint avec élévation et délicatesse, il fait ressortir la pureté de Jeanne d’Arc ; car toutes les qualités de ce