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France, ce Talbot aux cent bras, le fléau du ciel, ce Salisbury blasphémateur, toutes ces hordes insulaires seront dispersées comme un troupeau de brebis. Le Seigneur, le Dieu des combats, sera toujours avec la colombe. Il daignera choisir une créature tremblant, et triomphera par une foible fille, car il est le Tout-Puissant. »

Les sœurs de Jeanne d’Arc s’éloignent, et son père lui commande de s’occuper de ses travaux champêtres, et de rester étrangère à tous ces grands événements dont les pauvres bergers ne doivent pas se mêler. Il sort, Jeanne d’Arc reste seule ; et, prête à quitter pour jamais le séjour de son enfance, un sentiment de regret la saisit.

« Adieu, dit-elle, vous, contrées qui me fûtes si chères ; vous, montagnes ; vous, tranquilles et fidèles vallées, adieu ! Jeanne d’Arc ne viendra plus parcourir vos riantes prairies. Vous, fleurs que j’ai plantées, prospérez loin de moi. Je vous quitte, grotte sombre, fontaines rafraîchissantes. Echo, toi, la voix pure de la vallée, qui répondais à mes chants, jamais ces lieux ne me reverront. Vous, l’asile de toutes mes innocentes joies, je vous laisse