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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

MARIE.

Il ne me reste plus rien à vous demander. (Elle prend le crucifix et le baise). Mon Rédempteur, mon Sauveur, que tes bras me reçoivent ! (Elle se retourne pour partir, et dans cet instant elle rencontre le comte de Leicester ; elle tremble, ses genoux fléchissent, et prête à tomber, le comte de Leicester la soutient ; puis il détourne la tête, et ne peut soutenir sa vue). Vous me tenez parole, comte de Leicester, vous m’aviez promis votre appui pour sortir de ce cachot, et vous me l’offrez maintenant ! (Le comte de Leicester semble anéanti ; elle continue avec un accent plein de douceur). Oui, Leicester, et ce n’est pas seulement la liberté que je voulois vous devoir, mais une liberté qui me devînt plus chère en la tenant de vous ; maintenant que je suis sur la route de la terre au ciel, et que je vais devenir un esprit bienheureux, affranchi des affections terrestres, j’ose vous avouer sans rougir la foiblesse dont j’ai triomphé. Adieu, et si vous le pouvez, vivez heureux. Vous avez voulu plaire à deux reines, et vous avez trahi le cœur aimant pour obtenir le cœur orgueilleux. Prosternez-vous aux pieds d’Élizabeth,