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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

MELVIL.

Te repens-tu de cette erreur, et ton cœur a-t-il quitté cette fragile idole pour se tourner vers son Dieu ?

MARIE.

Ce fut le plus cruel de mes combats, mais enfin j’ai déchiré ce dernier lien terrestre.

MELVIL.

De quelle autre faute te sens-tu coupable ?

MARIE.

Ah ! d’une faute sanglante depuis longtemps confessée. Mon âme frémit en approchant du jugement solennel qui m’attend, et les portes du ciel semblent se couvrir de deuil à mes yeux. J’ai fait périr le roi mon époux quand je consentis à donner mon cœur et ma main au séducteur son meurtrier. Je me suis imposé toutes les expiations ordonnées par l’église ; mais le ver rongeur du remords ne me laisse point de repos.

MELVIL.

Ne te reste-t-il rien de plus au fond de l’âme que tu doives confesser ?