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DES POÈMES ALLEMANDS

entoure-la de nobles rejetons. Un mariage religieux est la plus belle des félicités terrestres ; mais si le Seigneur ne fonde pas lui-même l’édifice de l’homme, qu’importent ses vains travaux ? »

Voilà de la vraie simplicité, celle de l’âme, celle qui convient au peuple comme aux rois, aux pauvres comme aux riches, enfin à toutes les créatures de Dieu. On se lasse promptement de la poésie descriptive, quand elle s’applique à des objets qui n’ont rien de grand en eux-mêmes ; mais les sentiments descendent du ciel, et dans quelque humble séjour que pénètrent leurs rayons ils ne perdent rien de leur beauté. L’extrême admiration qu’inspire Goethe en Allemagne a fait donner à son poème d’Hermann et Dorothée le nom de poëme épique, et l’un des hommes les plus spirituels en tout pays, M. de Hunlboldt, le frère du célèbre voyageur, a composé sur ce poëme un ouvrage qui contient les remarques les plus philosophiques et les plus piquantes. Hermann et Dorothée est traduit en français et en anglais ; toutefois on ne peut avoir l’idée, par la traduction, du charme qui règne dans cet ouvrage : une émotion douce, mais continuelle, se fait sentir depuis le premier vers jus-