beautés lyriques ; mais quand un ouvrage, quel qu’il soit, excite l’intérêt dramatique, il doit finir au moment où cet intérêt cesse. Des reflexions, des sentiments, qu’on liroit ailleurs avec le plus grand plaisir, lassent presque toujours lorsqu’un mouvement plus vif les a précédés. On est pour les livres à peu près comme pour les hommes ; on exige d’eux toujours ce qu’ils nous ont accoutumés à en attendre.
Il règne dans tout l’ouvrage de Klopstock une âme élevée et sensible ; toutefois les impressions qu’il excite sont trop uniformes, et les images funèbres y sont trop multipliées. La vie ne va que parce que nous oublions la mort ; et c’est pour cela sans doute que cette idée, quand elle reparoit, cause un frémissement si terrible. Dans la Messiade, comme dans Young, on nous ramène trop souvent au milieu des tombeaux ; c’en seroit fait des arts si l’on se plongeoit toujours dans ce genre de méditation ; car il faut un sentiment très-énergique de l’existence pour sentir le monde animé de la poésie. Les païens dans leurs poèmes, comme sur les bas-reliefs des sépulcres, représentaient toujours des tableaux variés, et faisoient ainsi de la mort une action de la vie ; mais les