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DES UNIVERSITÉS ALLEMANDES

L’impartialité naturelle à l’esprit des Allemands les porte à s’occuper des littératures étrangères, et l’on ne trouve guère d’hommes un peu au-dessus de la classe commune en Allemagne à qui la lecture de plusieurs langues ne soit familière. En sortant des écoles on sait déjà d’ordinaire très-bien le latin et même le grec. L’éducation des universités allemandes, dit un écrivain français, commence ou finit celle de plusieurs nations de l’Europe. Non-seulement les professeurs sont des hommes d’une instruction étonnante ; mais ce qui les distingue surtout, c’est un enseignement très-scrupuleux. En Allemagne on met de la conscience dans tout, et rien en effet ne peut s’en passer. Si l’on examine le cours de la destinée humaine, on verra que la légèreté peut conduire à tout ce qu’il y a de mauvais dans ce monde Il n’y a que l’enfance dans qui la légèreté soit un charme ; il semble que le créateur tienne encore l’enfant par la main, et l’aide à marcher doucement sur les nuages de la vie. Mais quand le temps livre l’homme à lui-même, ce n’est que dans le sérieux de son âme qu’il trouve des pensées, des sentiments et des vertus.