musique est cultivée généralement en Saxe, la galerie de Dresde rassemble des chefs-d’œuvre qui doivent animer les artistes. La nature, aux environs de la capitale, est très-pittoresque, mais la société n’y offre pas de vifs plaisirs ; l’élégance d’une cour n’y prend point, l'étiquette seule peut aisément s’y établir.
On peut juger, par la quantité d’ouvrages qui se vendent à Leipsick, combien les livres allemands ont de lecteurs ; les ouvriers de toutes les classes, les tailleurs de pierre même, se reposent de leurs travaux un livre à la main. On ne sauroit s’imaginer en France à quel point les lumières sont répandues en Allemagne. J’ai vu des aubergistes, des commis de barrières qui connoissoient la littérature française. On trouve jusque dans les villages des professeurs de grec et de latin. Il n’y a pas de petite ville qui ne renferme une assez bonne bibliothèque, et presque partout on peut citer quelques hommes recommandables par leurs talents et par leurs connoissances. Si l’on se mettoit à comparer, sous ce rapport, les provinces de France avec l’Allemagne, on croiroit que les deux pays sont à trois siècles de distance l’un de l’autre. Paris, réunissant dans son sein l’élite de l’Empire, ôte tout intérêt à tout le reste.