rient de ce qu’ils disent long-temps avant même d’avoir songé à en faire rire les autres.
Rien ne sauroit égaler au contraire le charme d’un récit fait par un Français spirituel et de bon goût. Il prévoit tout, il ménage tout, et cependant il ne sacrifie point ce qui pourroit exciter l’intérêt. Sa physionomie, moins prononcée que celle des Italiens, indique la gaieté, sans rien faire perdre à la dignité du maintien et des manières ; il s’arrête quand il le faut, et jamais il n’épuise même l’amusement ; il s’anime, et néanmoins il tient toujours en main les rênes de son esprit pour le conduire sûrement et rapidement ; bientôt aussi les auditeurs se mêlent de l’entretien, il fait valoir alors à son tour ceux qui viennent de l’applaudir ; il ne laisse point passer une expression heureuse sans la relever, une plaisanterie piquante sans la sentir, et pour un moment du moins l’on se plaît et l’on jouit les uns des autres comme si tout étoit concorde, union et sympathie dans le monde.
Les Allemands feroient bien de profiter, sous des rapports essentiels, de quelques-uns des avantages de l’esprit social en France : ils devroient apprendre des Français à se montrer moins irritables dans les petites circonstances, afin de réser-