connoît, les succès qu’il espère. Un Allemand, s’il ne pense pas, ne peut rien dire, et s’embarrasse dans des formes qu’il voudroit rendre polies, et qui mettent mal à l’aise les autres et lui. La sottise, en France, est animée mais dédaigneuse. Elle se vante de ne pas comprendre pour peu qu’on exige d’elle quelque attention, et croît nuire à ce qu’elle n’entend pas, en affirmant que c’est obscur. L’opinion du pays étant que le succès décide de tout, les sots mêmes, en qualité de spectateurs, croient influer sur le mérite intrinsèque des choses, en ne les applaudissant pas, et se donner ainsi plus d’importance. Les hommes médiocres, en Allemagne, au contraire, sont pleins de bonne volonté ; ils rougiroient de ne pouvoir s’élever à la hauteur des pensées d’un écrivain célèbre : et loin de se considérer comme juges, ils aspirent à devenir disciples.
Il y a sur chaque sujet tant de phrases toutes faites, en France, qu’un sot avec leur secours parle quelque temps assez bien et ressemble même momentanément à un homme d’esprit ; en Allemagne, un ignorant n’oseroit énoncer son avis sur rien avec confiance, car aucune opinion n’étant admise comme incontestable, on ne peut en avancer aucune sans être en état de la défendre ; aussi