Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
DE L’ALLEMAGNE

des mœurs nationales très-décidées[1]. » Dès qu’on cherche à ressembler aux Français, ils l’emportent en tout sur tous. Les Anglais, ne redoutant point le ridicule que les Français savent si bien donner, se sont avisés quelquefois de retourner la moquerie contre ses maîtres ; et loin que les manières anglaises parussent disgracieuses même en France, les Français tant imités imitoient à leur tour, et l’Angleterre a été pendant long-temps aussi à la mode à Paris que Paris partout ailleurs.

Les Allemands pourroient se créer une société d’un genre très-instructif et tout-à-fait analogue à leurs goûts et à leur caractère. Vienne étant la capitale de l’Allemagne, celle où l’on trouve le plus facilement réuni tout ce qui fait l’agrément de la vie, auroit pu rendre sous ce rapport de grands services à l’esprit allemand, si les étrangers n avoient pas dominé presque exclusivement la bonne compagnie. La plupart des Autrichiens, qui ne savoient pas se prêter à la langue et aux coutumes françaises, ne vivoient point du tout

  1. Supprimé par la censure.