Si vous supposiez une aussi nombreuse réunion de Parisiens dans un même lieu, l’air étincelleroit de bons mots, de plaisanteries, de disputes, et jamais un Français n’auroit un plaisir où l’amour-propre ne pût se faire place de quelque manière.
Les grands seigneurs se promènent avec des chevaux et des voitures très-magnifiques et de fort bon goût ; tout leur amusement consiste à reconnoître dans une allée du Prater ceux qu’ils viennent de quitter dans un salon ; mais la diversité des objets empêche de suivre aucune pensée, et la plupart des hommes se complaisent à dissiper ainsi les réflexions qui les Importunent. Ces grands seigneurs de Vienne, les plus illustres et les plus riches de l’Europe, n’abusent d’aucun de leurs avantages, ils laissent de misérables fiacres arrêter leurs brillants équipages. L’empereur et ses frères se rangent tranquillement aussi à la file, et veulent être considérés, dans leurs amusements, comme de simples particuliers ; ils n’usent de leurs droits que quand ils remplissent leurs devoirs. L’on aperçoit souvent au milieu de toute cette foule des costumes orientaux, hongrois et polonais, qui réveillent l’imagination ; et de distance en distance une musique harmonieuse donne à