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Nous étions trente-deux personnes  ; la plupart étaient des sauvages assiniboins, minatarees et corbeaux qui devaient se rendre au grand conseil indien dans le voisinage du fort Laramie, par la même direction que nous avions choisie, et qui n’avait guère moins de huit cents milles de longueur. Deux chars et deux charrettes pour transporter nos provisions et notre bagage formaient tout notre convoi. Ces quatre véhicules furent probablement les premiers qui traversèrent jamais cette partie du désert. On ne voit pas le moindre vestige de route tracée entre le fort Union et les Buttes-Rouges, qui se trouvent sur la voie de l’Orégon, et sont à la distance de cent soixante et un milles à l’ouest du fort Laramie.

Après avoir dîné, nous traversâmes le fleuve avec notre bagage. Suivant le cours d’un des petits tributaires de la rivière Roche-Jaune, nous fîmes six milles environ. Nous avions avec nous un habile chasseur métis de la nation des Pieds-Noirs. Il débuta heureusement en nous apportant deux gros chevreuils qu’il avait tués. Les maringouins nous attaquèrent de toutes parts et ne nous laissèrent point de repos. Il fallut les combattre sans relâche, avec des branches, des mouchoirs et de la fumée. Cette dernière arme est la plus efficace pour dissiper ces insectes odieux  ; mais cette fumée est en même temps pour les voyageurs une rude épreuve à supporter. La nuit qui survint nous amena une tempête. Le tonnerre grondait