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qui, attaqué par la maladie et réduit à l’extrémité, avait été jeté hors de sa loge, au milieu de la nuit et pendant une pluie affreuse, par son père adoptif, homme cruel et impitoyable. Le lendemain matin, il était encore en vie lorsqu’un Canadien l’aperçut et l’emporta dans sa hutte ; ce bon samaritain prodigua au petit malheureux les soins les plus assidus. J’ai eu le bonheur de voir l’orphelin convalescent et de le baptiser.

Quelques jours plus tard, je me trouvais au fort Pierre,[1] situé sur la rive sud du Missouri, à quinze cents milles au-dessus de Saint-Louis, et près de l’embouchure de Bad River, ou la Mauvaise-Rivière. Une grippe assez maligne avait régné quelque temps dans le fort ; une terreur panique s’empara des esprits à la nouvelle que la petite vérole venait d’éclater dans le voisinage et que le choléra avait été à notre bord. En effet, immédiatement après le départ du bateau, cette dernière maladie se mit à sévir avec fureur et enleva beaucoup de monde. Les sauvages des alentours, effrayés du danger, se réjouirent de ma présence ; leurs enfants, et ceux des blancs me furent présentés au nombre de cent quatre-vingt-deux, et régénérés dans les eaux du saint baptême.

La même inquiétude régnait au fort des Aric-

  1. Le fort Pierre est à 2,664 milles de distance, et à 1,456 pieds au-dessus du golfe du Mexique. Il se trouve par 44° 23'28" latitude nord, et 100° 12'30" (ou 6h 40m 50s) longitude ouest de Greenwich. (Note de la présente édition.)