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part des animaux féroces qu’on peut rencontrer à chaque pas, contribuent à faire surgir ces sentiments dans l’âme.

On m’a fait observer plusieurs fois que le chant des oiseaux est plus doux et plus agréable à l’oreille dans le désert qu’au milieu des forêts ; et on attribue ce phénomène aux effets de la société, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans laquelle ces volatiles sont forcés de vivre. Faute de rencontrer des arbres nombreux et variés, ils vont se percher sur le même arbrisseau ou chercher le même bocage ; ils s’instruisent ainsi les uns les autres. Cette explication vaut peut-être quelque chose.

Pour vous faire une idée de l’étendue de nos plaines de l’Ouest, imaginez-vous la France, l’Allemagne, la Belgique changées en une seule prairie entrecoupée çà et là par des cours d’eau et des bois de moyenne grandeur. La vue s’y perd et l’imagination aussi.

Nous nous trouvions enfin au bas du grand détour où le bateau avait pris terre vis-à-vis d’un camp de Yanktons, tribu puissante de la nation des Sioux. Dès que ces sauvages nous aperçurent, ils éclatèrent en cris de joie et saluèrent notre arrivée de plusieurs décharges de fusils. Leurs femmes avaient préparé une grande quantité de bois sec qui nous fut offerte ; on l’accepta avec plaisir, et elles reçurent en retour un cadeau de tabac, de poudre, de plomb, de farine, de café, de sucre. C’est ce qu’elles apprécient le plus.