Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moment où ses services semblaient être plus nécessaires. Je me souviendrai toujours avec reconnaissance de l’intérêt témoigné au R. P. Hoecken, dans ses derniers moments, par tous les passagers du bord. On approuva à l’unanimité ma proposition de ne pas laisser dans le désert le corps du pieux missionnaire. Un cercueil décent, très-épais et goudronné au dedans, fut préparé pour recevoir la dépouille mortelle  ; une fosse temporaire fut creusée dans une belle forêt, aux environs de l’embouchure de la Petite-Siouse, et l’enterrement se fit avec toutes les cérémonies de l’Église, dans la soirée du 19 juin, tout l’équipage présent.

Environ un mois plus tard, au retour du Saint-Ange, qui passa près de cette tombe vénérée, le cercueil fut exhumé, mis dans le bateau et transporté au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Florissant. Là reposent les restes mortels du R. P. Hoecken au milieu de ceux de ses confrères. Cette mort, si précieuse devant Dieu, remplit de tristesse tous les cœurs des passagers  ; mais pour plusieurs ce fut une occasion de retour à Dieu. Beaucoup ne s’étaient pas approchés du tribunal de la pénitence depuis plusieurs années  ; immédiatement après les funérailles, tous se rendirent les uns après les autres dans ma cabine pour se confesser.

Cinq autres passagers succombèrent encore, et reçurent, avant d’expirer, les consolations de mon ministère. L’accablement et la faiblesse où la