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de ne pas continuer mon périlleux voyage ; mais Dieu donne à l’homme des forces que la nature lui refuse ; je poursuivis mon but.

Le P. Chrétien Hoecken était né dans le Brabant septentrional. Il n’avait que quarante-trois ans au moment de son décès. Les quinze dernières années de sa vie s’étaient écoulées au milieu des Indiens, qui avaient conçu pour lui la plus haute vénération. Il était tout pour eux : leur père en Jésus-Christ, leur médecin dans les maladies, leur conseil dans toutes leurs difficultés, leur ami sincère et fidèle. Il se réjouissait avec toute la simplicité d’un enfant lorsqu’il recevait quelque don pour ses pauvres néophytes. Toute sa consolation était de se trouver au milieu d’eux. Il fut un instrument actif entre les mains de Dieu, pour annoncer le saint évangile à des milliers de païens. Les églises qu’il a bâties et les ferventes congrégations d’indiens qu’il a formées attestent sa ferveur et son zèle apostolique. Sa fin si édifiante a couronné tous ses travaux. Martyr de la charité, il a exercé le sacré ministère jusque dans son agonie. Elle sera toujours pour moi triste mais salutaire, la pensée qui me reportera à cette heure touchante et solennelle. Quels amis purent jamais se faire des adieux plus émouvants et plus religieux !

Les passagers furent profondément émus à la vue du corps inanimé de celui qui jusqu’à son heure suprême avait été « tout à tous, » selon le langage de l’Apôtre. Le bon Père les quittait au