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Le R. P. Jean-Antoine Elet ne survécut pas longtemps à son digne frère. Il n’avait jamais joui d’une santé robuste  ; ajoutez-y environ trente ans passés en Amérique, dans des travaux continuels… Jeune encore, il montrait les symptômes d’une espèce de phthisie  ; ils se manifestèrent de nouveau, d’une façon plus alarmante, vers la fin de 1850, pendant un voyage qu’il fit en Louisiane, pour des affaires de la Compagnie. Il continua toutefois à remplir sa charge de vice-provincial jusque vers le milieu de l’année suivante, époque où il se retira au noviciat de Saint-Stanislas pour se préparer à la mort. Il la vit approcher rapidement  ; mais, loin de la craindre, il la désirait de tout son cœur. Non qu’il voulût être délivré de ses souffrances  ; mais parce que son amour pour Jésus-Christ lui faisait souhaiter de s’unir au divin Sauveur. Sa piété, qui avait toujours été éminente, prit un élan nouveau, et, comme au soir d’un beau jour, elle jeta les brillants reflets des vertus qu’il avait pratiquées durant sa vie. Quelques jours avant de mourir, quoiqu’il pût à peine se tenir debout, il se traîna une dernière fois à la chapelle domestique et y resta, pendant un temps considérable, prosterné devant l’autel dans une adoration profonde. Le 1er octobre, veille de la fête des saints Anges, au moment où on lui porta le saint Viatique et qu’on prononça ces paroles : Domine non sum dignus, on l’entendit répéter distinctement : Non sum dignus, Domine, non sum dignus. (Je ne