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s’apercevait nullement, chez la nation des Blancs, du départ de cette multitude.

La Providence a soutenu mon faible courage, guidé mes pas, fécondé la semence de l’Évangile dans des terres qui ne l’avaient pas encore reçue. Après avoir parcouru plusieurs centaines de lieues, j’ai pu voir le bien que nous pourrons faire parmi ces tribus errantes, toujours en guerre entre elles, sans consolation dans le malheur parce qu’elles ne connaissent guère les espérances d’une vie meilleure. Aussi, avec la grâce de Dieu, j’espère y retourner au printemps prochain, avec Mgr Miége, évêque de Messenia, in part, infid., et vicaire apostolique du Kansas.[1] Nous pourrons y établir des missions, fixer ces tribus nomades sur un sol assez fécond pour les nourrir, ôter par là même une foule d’occasions de guerre, et faire luire dans ces parages, avec la lumière de la foi, l’aurore de la civilisation. Les bornes d’un journal ne me permettent pas, monsieur, d’entrer dans les détails de cette expédition au Grand Désert,[2] sur laquelle je n’ai publié qu’une seule lettre. D’ailleurs je me propose d’en

  1. Mgr Miége, de la compagnie de Jésus, vient de résigner son vicariat pour motifs de santé. Mgr Fink, évêque de Eucarpia, in part, injid., lui avait été donné en qualité de coadjuteur, en 1871. (Note de la présente édition.)
  2. Sous le nom de Grand Désert Américain, on a désigné de temps immémorial la vaste région sablonneuse qui s’étend, d’un côté, depuis le Kansas occidental jusqu’à la Sierra Ne-