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J’ai dit que les buffles disparaissent et diminuent chaque année dans les plaines du haut Missouri. Cela n’empêche pas toutefois de les voir paître encore, en troupeaux très-nombreux, dans certaines localités  ; mais le cercle de terrain que ces animaux parcourent se rétrécit de plus en plus. D’ailleurs, ils ne séjournent jamais longtemps dans le même endroit et changent constamment de pâturages selon les saisons. De là les incursions que font les Sioux sur les territoires des Riccarees, des Mandans, des Minatarees, des Corbeaux et des Assiniboins  ; de là aussi les invasions mutuelles des Corbeaux et des Pieds-Noirs dans les chasses respectives. Ces sortes de déprédations se commettent par toutes les tribus nomades du désert et font naître des dissensions et des guerres incessantes et cruelles, qui, chaque année, se renouvellent et se multiplient au grand détriment et pour le malheur de toutes ces tribus. Il n’est donc point étonnant que le nombre de ces sauvages aille en diminuant. Dans les plaines, ce sont les guerres et la famine  ; sur la frontière de la civilisation, ce sont les vices, les liqueurs et les maladies qui les moissonnent par milliers.

J’ai visité les Pieds-Noirs, les Corbeaux, les Mandans, les Assiniboins, le Riccarees, les Minatarees, etc., qui possèdent toute la région du haut Missouri et de ses tributaires. La condition dans laquelle tous ces sauvages se trouvent, loin des influences de tous les principes religieux, les rend