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j’ai faite en dernier lieu à la grande nation des Sioux, n’ont fait que confirmer les fâcheuses prévisions qu’avait fait naître en moi l’expérience acquise par un long séjour parmi ces enfants abandonnés. Ces mêmes vues, je les ai communiquées, en substance, à un agent honorable des États-Unis, qui travaille avec ardeur et constance à l’amélioration de la condition des Indiens, et qui joint, autant qu’il est en son pouvoir, l’emploi des moyens aux louables désirs de son cœur.

J’ai traversé à plusieurs reprises les vastes plaines qu’arrose le Missouri avec ses principaux tributaires, tels que la Platte ou Nébraska, la Roche-Jaune, la Mankizita-Watpa, le Niobrarah, le Tchan-Sansan, appelé par les blancs la Rivière à Jacques, le Wassecha ou Vermillon, et les trois grandes fourches supérieures qui donnent naissance au Missouri, c’est-à-dire le Jefferson, le Gallatin et le Madison. Longeant la branche du nord et la branche du sud du Saskatchewan, j’ai pénétré à trois cents milles dans l’intérieur des forêts et des plaines qui bordent l’Athabasca. Partout les blancs, les métis et les naturels, qui habitent ces régions, s’accordent à dire que le buffle, le cerf et la biche, l’orignal ou le daim américain diminuent d’une manière alarmante, et que, dans peu d’années, ces races d’animaux auront entièrement disparu. Le territoire que traverse l’Athabasca fournissait, il y a quelques années, une chasse abondante à la plus grande partie de la