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le Missouri. Le bateau à vapeur que j’espérais y trouver était parti la veille de mon arrivée, et ainsi l’occasion d’un prompt retour à Saint-Louis parut perdue pour moi. Je pris la résolution de faire tout mon possible pour rejoindre le bateau. À bien des personnes cette tentative paraîtrait une folie. Courir après un steamer qui marche sous une forte pression de vapeur paraît certainement ridicule. Je comptais sur les nombreux bancs de sable auxquels le navire pouvait difficilement échapper sans être retardé, surtout dans la saison avancée. J’avais bien calculé : vingt-quatre heures après, j’étais à bord.

Je me suis trouvé pendant quatre mois, nuit et jour, exposé au grand air, et, comme dans tous mes autres voyages, je ne m’étais servi pour lit que d’une simple robe de peau de buffle. Ma santé avait constamment été bonne sans que j’eusse ressenti la moindre atteinte du plus petit rhume. À peine fus-je exposé pendant un seul jour aux chaleurs du poêle de la cabine qu’un grand mal de gorge me saisit. Ce fut ma première indisposition dans mon long voyage. Enfin j’arrivai à Saint-Louis, où les charmes de la vie commune m’eurent bientôt fait oublier les fatigues de mon expédition. Je suis avec le plus profond respect et l’estime la plus sincère,

Messieurs,
Votre très-humble et très-obéissant, serviteur,


P. J. De Smet, S. J.