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d’être trop bon à l’égard de certaines gens qu’on savait être ennemis avoués des catholiques : «  Eh bien, — répondait-il, — nous les «  forcerons à nous aimer.  » Le P. Duerinck était charitable, mais d’une charité prudente et éclairée. En somme, nul prêtre n’a fait plus de bien aux Indiens de ces contrées. Il assistait généreusement les infirmes  ; il comprenait mieux que tout autre par quelle voie on procure aux sauvages le bienfait de la civilisation  ; il les aidait de toutes les manières, et récompensait leur industrie. Cela lui réussit si bien, que les Potowatomies de Sainte-Marie l’emportent de beaucoup sur ceux des autres villages par les qualités qui font les bons citoyens. Ceux qui ont eu avec le Père des liaisons plus intimes savent jusqu’où s’étendaient ses libéralités, et les prières de ceux qu’il a obligés, inspirées par la plus sincère reconnaissance, ne manqueront pas d’appeler sur les bons Potowatomies les bénédictions du Dieu de miséricorde.

«  La mort du bon P. Duerinck, écrivait un de ses inférieurs, est une perte incomparable. En lui, Sainte-Marie a perdu l’homme qui en était l’âme et la vie  ; les Indiens, un insigne bienfaiteur  ; les veuves, un bon conseiller  ; la mission, un excellent supérieur  ; et nous, le meilleur des pères. Ce coup, aussi fatal qu’imprévu, a jeté tout le monde dans le deuil le plus amer. Rien ne pourrait nous consoler d’un accident si subit, si nous ne savions que neuf années de peines et